Vous avez sûrement déjà entendu parler des bars à chats. Mais qu’en est-il du bien-être des animaux qui y séjournent ? Certains y voient un lieu propice à la relaxation tandis que d’autres dénoncent un business utilisant les animaux à des fins lucratives. Qu’en est-il réellement ?
Au Bonheur des Chats est un bar à chats du 7e arrondissement de Lyon. Ouvert depuis 2017, il accueille entre 15 et 20 chats. La spécialité de l’établissement est la cuisine végétalienne. En dehors des horaires d’ouverture, les animaux restent dans le café. « Il y a forcément quelqu’un qui vient s’occuper d’eux tous les jours. Ils ne restent jamais longtemps tous seuls », assure Pénélope Verrier, co-gérante du café.
Ils sont libres de vaquer dans le bar mais pas dans la cuisine, la réserve ni les toilettes. Les chats ont une salle qui leur est réservée, à laquelle les clients n’ont pas accès. Même le personnel n’y va que très rarement. Ainsi, ils peuvent s’isoler à leur guise. La salle d’une dizaine de mètres carrés comporte une multitude d’installations et de jeux, comme le reste de l’établissement. Les chats disposent donc de plusieurs cachettes, installations en hauteur et recoins.


Un café solidaire et partenaire de l’association Ron’Rhône
Le café travaille en partenariat avec l’association Ron’Rhône, qui recueille des chats sans foyer. L’association fonctionne uniquement avec des familles d’accueil. Les chats y sont placés en attendant d’être stérilisés, vaccinés et identifiés. Ils sont ensuite prêts à être adoptés.
Au Bonheur des Chats constitue une famille d’accueil par laquelle les chats transitent si leur caractère le leur permet. Ce processus optimise l’adoption des chats qui vivent en famille d’accueil depuis un certain temps. « En cinq ans de partenariat, on a réussi à faire adopter presque 200 chats, uniquement par le biais du café », explique Marjolaine Parent, présidente et créatrice de Ron’Rhône.
Le café promeut des adoptions qui ont d’habitude peu de visibilité : « Des chats de 10 ans, 16 et 17 ans ont été adoptés par des clients qui fréquentent le café. Lorsqu’ils sont en famille d’accueil ou en refuge, personne ne voit ni n’interagit avec les vieux chats. »

En scannant ce QR-code, apprenez le nom du chat avec qui vous êtes en train de jouer. Vous saurez également son âge et l’avancée de sa procédure d’adoption / © Julie Taisse
Des règles pour garantir l’intégrité
des chats
La clientèle qui fréquente l’établissement est hétéroclite et relativement jeune, entre 15 et 40 ans. « L’enseigne fonctionne parce que les chats sont des animaux apaisants. Les regarder vivre, c’est amusant et divertissant. Ils sont mignons et ça fait du bien. Je pense que voir des chats jouer et les câliner permet aux clients de décompresser. C’est vrai que sur le moment, ils sont happés par ces animaux et ne pensent pas à grand-chose », songe Pénélope Verrier. Pour encadrer le bien-être de ses pensionnaires, des règles sont en vigueur au café.
Les chats assez sociables pour s’adapter à l’environnement du café y séjournent maximum deux mois. « Il y a des chats qui sont parfois très timides en arrivant. Ils ont alors tendance à se cacher pendant quelques jours, avant de s’aventurer vers les autres chats et les clients. Souvent, l’environnement les aide à sociabiliser », déclare Pénélope Verrier.
Ron’Rhône sélectionne les chats confiés au café en fonction de leur tempérament. « Il y a certains chats que nous ne mettons pas au café volontairement. Ils s’y sentiraient mal à cause du bruit, des allers et venues des clients ou bien de la présence des autres chats, ajoute Marjolaine Parent. Il nous est arrivé de replacer un chat dans sa famille d’accueil parce qu’il ne s’acclimatait pas au café. Cela reste assez rare. »
Selon la présidente de l’association : « Un chat sociable qui dispose d’un espace dans lequel il peut être tranquille et qui n’a pas de problème avec ses congénères ni avec les humains, est totalement disposé à vivre dans cet environnement. » Un vétérinaire vient tous les ans constater que l’endroit est adapté aux besoins des chats, qui ont aussi un suivi sanitaire.
Un bar engagé pour le bien-être animal
En plus de promouvoir le bien-être des chats et l’adoption, le café propose de la cuisine végan. « La condition pour qu’on ouvre, c’était vraiment que l’expérience soit bénéfique à nos petits pensionnaires. C’est pour cela qu’on travaille avec une association. En effectuant un séjour de deux mois chez nous, les chats n’ont pas le temps d’en avoir marre. Au contraire, ils sont super contents d’être là, d’avoir de l’attention, des copains chats et des copains humains », se réjouit Pénélope Verrier. Elle condamne les bars à chats qui sont propriétaires de leurs chats, d’autant plus s’ils sont de race : « Le concept d’élevage de chats de race est aberrant. Les refuges sont pleins à craquer. Il n’y a pas besoin d’acheter un chat ! »
Pour adopter un chat rencontré Au Bonheur des chats, les candidats doivent suivre la même procédure que les autres adoptants : un formulaire à remplir. L’association étudie ensuite les motivations des adoptants et vérifie que l’environnement qu’ils peuvent offrir à l’animal coïncide avec ses besoins. Une fois qu’un dossier a été sélectionné, un bénévole de Ron’Rhône fait une visioconférence avec les adoptants. L’idée est de reprendre le contrat d’adoption et les exigences de l’association au niveau alimentaire et sécuritaire.
La famille s’organise ensuite avec les gérants du café pour récupérer son chat. Des frais d’adoption sont demandés : 200 € pour les femelles et 180 € pour les mâles de plus d’un an (l’écart est lié au coût de la stérilisation, ndlr). Pour adopter un chaton mâle, il faut débourser 205 € et 240 € pour une femelle. Pour maximiser le départ des chats adultes, Ron’Rhône baisse les frais d’adoption au minimum.