Le monde de la techno, c’est principalement de l’« underground ». Par cela, on entend donc que les DJs du milieu mixent principalement lors de soirées illégales. Gauthier Servais, aussi connu sous son pseudonyme « GTH », est un jeune DJ de 21 ans spécialisé dans la techno. Il nous parle de la difficulté de se faire une place dans ce milieu.
« La techno, c’est un petit monde, mais la techno underground, c’est l’inverse », déclare GTH, jeune DJ mixant depuis maintenant un peu plus d’un an. Si dans l’imaginaire collectif la techno est un monde très restreint, quand on s’y intéresse, on se rend compte qu’il est en réalité d’une grande diversité. Il existe plein d’artistes DJ très connus dans le milieu. C’est souvent eux qui se retrouvent à la tête des soirées officielles réalisées par les clubs.
Ce principe s’applique aussi à Lyon et force donc la pléthore de petits DJs à passer par des « illégales ». Ce sont des soirées qui se déroulent illégalement, dans des lieux qui ne sont souvent communiqués que quelques heures avant les évènements, même pour les DJs.
« Éviter que la police débarque »
« Les collectifs qui organisent les soirées ne donnent le lieu que quelques heures à l’avance pour éviter que la police débarque. Pour une de mes premières dates, le collectif avait organisé la soirée dans un lieu où ils avaient déjà organisé une soirée la semaine précédente et entre-temps, une alarme avait été installée. Évidemment, la soirée est tombée à l’eau et moi, j’ai perdu une date. »

Ici, c’est l’un des cas de figure les plus graves qu’il peut arriver dans ce monde, mais des petits problèmes, il y en a tous les jours. « Une fois, lors d’un de mes sets [composition musicale faite par un DJ, ndlr], le courant a été coupé pendant bien cinq minutes. Je me suis retrouvé face au public, sans son, et bien évidemment, les gens étaient loin d’être contents. Même si ce n’était pas ma faute, cela a impacté le reste de mon set et c’était très difficile de récupérer l’attention du public. »
« Marquer le public en le choquant »
Dans le monde de cette techno « underground », le public a de grandes attentes. Lors de soirées légales réunissant des artistes connus, le public sait à quoi s’attendre. Pour ces petits DJs comme GTH, le public devient aussi un challenge supplémentaire. « Déjà, je dois formater mon mixage par rapport aux envies du public. Je ne peux pas me permettre de passer des sons trop connus par exemple, sinon le public un peu plus connaisseur risque de se dire que je fais le choix de la facilité. » Pour attirer du public, GTH réalise aussi toute sa communication lui-même sur les réseaux sociaux.
Au sein de la techno, on retrouve aussi une multitude de sous-styles : techno indus, hardstyle, trance, minimal… Pour des DJs plus connus, il est possible de dédier un set entier à un sous-genre. Pour plus petits, comme GTH, c’est plus difficile. « Quand je mixe, vu que je ne suis pas encore très connu, les gens ne sont pas là pour moi mais pour ma musique. Si je me concentre que sur du hardstyle par exemple, les gens risquent d’être vite lassés. J’essaye donc de varier un maximum pour qu’ils n’aient jamais le temps de s’ennuyer. »
GTH est aussi un DJ qui essaye de construire des sets très mélodieux, avec de nombreuses variations. « Mon objectif, c’est surtout de surprendre les gens. Pour qu’ils se rappellent de moi et de ma musique, j’essaye de faire des variations originales qui vont me permettre de les marquer en les choquant. » Ses sets sont d’ailleurs disponibles sur son SoundCloud. L’occasion pour les gens qui viennent aux soirées aient l’occasion de réécouter sa musique derrière. Cela permet aussi que certains d’entre eux reviennent lors de prochains évènements.
« Même si le temps passe, cela reste difficile »
Au début, bien évidemment, c’était difficile pour GTH. Entre le manque de contacts, de lieux et d’évènements, sa carrière a débuté difficilement. Maintenant, plus d’un an a passé et il commence doucement à se faire un nom dans le milieu. Malgré ça, le travail reste difficile.
« Alors évidemment, ce serait plus facile maintenant qu’au début si j’avais toujours les mêmes attentes. Je mixe mieux qu’avant et j’ai déjà eu l’occasion de faire mes preuves lors d’évènements assez importants. Maintenant, je ne vais plus accepter les dates de très petits événements par exemple. »
Même si GTH est payé pour les sets qu’il réalise en soirées, ce n’est toujours pas possible pour lui d’en vivre. « S’il y a bien une chose qui me manque et que je cherche à avoir en priorité, c’est un agent. Pour moi, le plus difficile, c’est clairement de poser des dates tout en continuant ma vie à côté. Rien qu’avec un agent qui négocierait mes dates et mes tarifs, je pourrai prendre en ampleur bien plus vite. »
Par Léo Guyon