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La doula, une oreille a l’ecoute des futurs parents

Si la grossesse et l’accouchement sont des idées qui vous angoissent, avez-vous déjà pensé à faire appel à une doula ? Accompagnante à la grossesse, une doula apporte une aide émotionnelle pendant les neuf mois de grossesse, à la naissance mais aussi lors des quelques semaines qui suivent l’accouchement. Portrait de Déborah Mandelsaft, doula depuis 2019. 

Déborah Mandelsaft est doula. Elle apporte soutien et accompagnement moral à une femme enceinte ou un couple durant la grossesse, la naissance et la période postnatale (période qui s’étend de la fin de l’accouchement jusqu’au retour des règles après la grossesse, ndlr). D’après Déborah, « une doula, c’est une oreille à l’écoute et une personne avec qui échanger sur ses émotions, son parcours. » 

Déborah Mandelsaft est devenue doula après avoir donné naissance à deux enfants et avoir bénéficié d’un accompagnement complet / © Diane Sevrin

« La base du métier de doula, c’est l’écoute active. »

Déborah Mandelsaft

Elle propose désormais des rencontres à domicile, qui durent 1 h 30, pour 65 €. C’est aux personnes accompagnées de décider si elles désirent un suivi long ou ponctuel. « La base du métier de doula, c’est l’écoute active. Je ne vais pas juger les personnes que j’accompagne. Mes expériences personnelles n’influencent pas mes conseils. Je les informe sur les sujets qu’elles souhaitent, pour qu’elles puissent faire leur choix en toute conscience. »

« C’est important pour moi d’être là »

Les femmes qui font appel aux soins de Déborah sont généralement plutôt aisées. « En France, avoir recours à une doula pour l’accouchement n’est pas remboursé, regrette-t-elle. Cela étant, les services restent accessibles. Tout est une question de priorité. Il s’agit de savoir si on préfère avoir un soutien sur toute la grossesse, qui nous procure du bien-être et des conseils, ou acheter la poussette et le matériel de puériculture dernier cri. »

Il n’y a pas besoin d’être enceinte pour faire appel à une doula. Certaines se questionnent autour de la grossesse, d’autres sont en parcours PMA (Procréation médicalement assistée) et d’autres se questionnent sur une interruption de grossesse. Il n’y a pas forcément besoin d’être une femme, ni d’être en couple. « Je rencontre des femmes seules, des couples queer, c’est vraiment important pour moi de pouvoir être là pour toutes les personnes qui en ont besoin », déclare Déborah. 

Une journée type c’est quoi ?

La doula est généralement mobilisée pendant la grossesse et pour l’accouchement. Elles peuvent assister aux naissances, généralement à domicile avec une sage-femme. En maternité, il est plus rare que la doula soit acceptée. Elles restent aussi présentes sur la période post-partum.

Deux tasses de thé face à face avec les mains des deux femmes qui échangent.
« Généralement, une rencontre commence par une infusion. Ensuite il y a un temps d’échange. Il peut y avoir un temps de méditation », explique Déborah Mandelsaft / © Diane Sevrin

Elle assiste également à des rencontres avec d’autres doulas, où elles échangent sur leurs pratiques, leurs expériences et ce qu’il faudrait mettre en place pour que la profession soit plus acceptée et reconnue. Elle échange régulièrement avec d’autres professionnels de la périnatalité : sage-femmes, kinés, ostéos, etc. Enfin, Déborah consacre un temps important à sa communication sur les réseaux sociaux. « Je suis à mon compte, donc il y a un temps où je fais ma comptabilité, où je prépare mes newsletters. Et ça c’est un temps qui est relativement important, bien que ce ne soit pas ce que je préfère. »

Une reconversion professionnelle réussie 

Avant de devenir doula, Déborah Mandelsaft travaillait dans les ressources humaines, dans la fonction publique. Ce sont ses grossesses qui l’ont fait se réorienter. Lors de sa première grossesse, Déborah a adhéré à l’association La cause des parents, dédiée au soutien à la périnatalité et à la parentalité.

 « Tout de suite, j’ai pu rencontrer d’autres futurs mamans, d’autres parents et vivre une maternité complètement différente de ce que j’imaginais. Je n’étais pas isolée, j’interagissais beaucoup grâce à l’association. Je m’y suis fait plein d’amies avec qui on sortait, pendant et après la grossesse », se souvient Déborah. Elle a commencé par animer des temps d’échange, avant d’intégrer le conseil d’administration puis de devenir co-présidente. 

« Mes peurs, mes émotions et celles de mon conjoint étaient écoutées et prises en compte. »

Déborah Mandelsaft

C’est lors de sa seconde grossesse que Déborah a décidé de changer de carrière. « J’ai eu la chance de bénéficier d’un accompagnement global pour le suivi de ma grossesse », explique-t-elle. L’accompagnement global signifie qu’une seule et même sage-femme (parfois un binôme ou un trinôme, ndlr), assure le suivi de la grossesse, de l’accouchement et de la période postnatale. 

« C’est une présence rassurante, parce qu’elle nous connaît, assure Déborah. Mes peurs, mes émotions et celles de mon conjoint étaient écoutées et prises en compte. » Le sage-femme qui s’occupait de Déborah s’est également rendue à son domicile pendant le premier mois du bébé. L’accompagnement global se termine par la rééducation du périnée. 

« Durant l’accompagnement global, je me suis sentie respectée, on m’a toujours demandé mon consentement », indique Déborah. Et c’est particulièrement cet aspect qui l’a motivée à devenir doula, après des années à subir les consultations gynécologiques durant lesquelles elle n’était « qu’un numéro ». 

À l’issue de sa grossesse, Déborah a fait appel à une doula pour combler un besoin de parler de son accouchement. C’est à elle qu’elle a demandé si elle pouvait devenir doula, et le processus s’est lancé.