Lyon, Prague et Milan constituent le triangle ésotérique européen. Ces villes regorgent de secrets et de mystères. À Lyon, l’histoire de la duchesse de Chevreuse, une dame de compagnie méconnue de Joséphine de Beauharnais, demeure un mystère.
La Sorcière du Vieux-Lyon. C’est le surnom de Fabienne Trolat, guide-touristique spécialisée dans l’ésotérisme et l’alchimie. Depuis l’enfance, cette lyonnaise, qui a grandi à la Croix-Rousse, a toujours été passionnée par sa ville. Son admiration vient en partie de ses ressentis. « J’ai mis beaucoup de temps à en parler mais depuis toute petite je ressens les choses et je vois des choses. Au gré de mes pérégrinations, je voyais des choses », confie-t-elle.
Fabienne Trolat a ensuite rencontré Jean-Luc Chavent, conteur de rues très cartésien, qui restait sceptique lorsqu’elle lui parlait de ses ressentis. « Finalement, en faisant des études plus poussées, on s’apercevait que c’était vrai », explique-t-elle. La guide possède une culture historique assez aiguisée, ce qui la pousse souvent à mener des enquêtes sur plusieurs années.
9 ans d’investigation toujours en cours
Les deux amis sont des spécialistes du cimetière de Loyasse, où sont enterrés beaucoup de personnages importants qui ont façonné l’histoire de Lyon. « Lorsque je m’y rendais, j’étais toujours attirée par une tombe négligée, où un panneau concession à renouveler était cloué. Je ne sais pas pourquoi, mais je savais qu’il ne fallait pas toucher à cette tombe. J’en avais le pressentiment », déclare la guide-touristique.

Il s’avère que cette tombe est celle de la duchesse de Chevreuse, morte à 28 ans, le 6 juillet 1813. De son nom Françoise Marie Félicité Ermessinde d’Albert Luynes de Chevreuse, elle était une dame de compagnie de Joséphine de Beauharnais. Attention toutefois à ne pas la confondre avec Marie de Rohan, qui fut, elle aussi, duchesse de Chevreuse et dame de compagnie entre 1600 et 1679.
« Je trouvais ça étrange qu’une duchesse de Chevreuse soit enterrée à Lyon sans que sa famille ne soit lyonnaise. C’est après beaucoup de recherches que j’ai su qu’elle était dame de compagnie et qu’elle avait été exilée à Lyon. Le mystère qui persistait était la cause de sa mort si précoce, détaille la Sorcière du Vieux-Lyon. À l’instar de Germaine de Staël ou de Juliette Récamier, et bon nombre de ses contemporaines, elle avait été exilée car selon Napoléon, elle divulguait trop d’informations. »
Une stèle déplacée
Après avoir retrouvé des écrits attestant que la stèle de la duchesse de Chevreuse était la plus belle du cimetière, la Sorcière du Vieux-Lyon a décidé de retrouver sa sépulture. En effet, actuellement, la tombe de la Duchesse n’est ornée que « d’une pauvre petite croix et d’une plaque en émail rouge ». Il se trouve que finalement, la stèle a été déplacée à Dampierre-en-Yvelines (Île-de-France), village où habitait la famille de la défunte.
Pourtant le mystère persiste. Fabienne Trolat a consulté le registre des inhumations à l’accueil du cimetière de Loyasse, et la page concernant la duchesse de Chevreuse n’y figurait pas. « La page avait été arrachée. Chose qui est complètement inconcevable ici », précise-t-elle.

Elle ne voulait pas lâcher l’affaire car elle avait la sensation que la défunte avait besoin d’aide. Qu’elle était toujours là. « J’ai donc fait venir plusieurs amis médiums, géobiologistes, mais aucun n’a voulu se pencher plus profondément sur l’affaire. Ils m’ont tous assuré que seule moi pouvait faire quelque chose », informe la Sorcière du Vieux-Lyon. Bien qu’elle ressente les choses, elle vérifie ses informations. Elle a alors rencontré beaucoup d’historiens, mais il s’avérait que la plupart du temps, elle détenait déjà plus d’informations qu’eux.
Vint un jour où le cimetière devait enlever la sépulture de la duchesse. Fabienne Trolat est alors allée expliquer à la directrice du cimetière que c’était impossible. En effet, si elle présente un intérêt historique ou architectural, la sépulture doit être conservée. Le cas échéant, la stèle devait être conservée puisque c’était celle d’une dame de compagnie de Mme de Beauharnais.
Une sépulture conservée mais une histoire incomplète
Pour ses études, Fabienne Trolat s’est appuyée sur la thèse écrite par Édouard Herriot à propos de Juliette Récamier. Malheureusement, ce dernier ne savait pas non plus pourquoi tout ce qui concernait la duchesse de Chevreuse avait été détruit. La seule chose que la Sorcière a trouvé, c’est un petit portrait de Françoise Marie Félicité Ermessinde d’Albert Luynes de Chevreuse, alors âgée de 15 ans.

La sorcière du Vieux-Lyon a alors relu les œuvres de Juliette Récamier et Germaine de Staël. « J’ai réussi à reconstituer l’exil de la duchesse, qui était étrangement partie avec sa belle-mère. J’ai appris qu’à la fin de sa vie, elle avait demandé à Napoléon de voir une dernière fois ses enfants. Or, dans l’arbre généalogique, il n’y en a qu’un. Elle devait donc être la mère de bâtards », raconte-t-elle.
Le mystère plane toujours autour de la mort de la duchesse de Chevreuse. La dernière information déroutante que Fabienne Trolat a découvert concerne les cheveux de la duchesse. Dans son testament, elle aurait écrit qu’elle ne supportait pas d’être rousse. « La duchesse avait demandé à sa belle-mère de lui tondre les cheveux à sa mort, et de les brûler, révèle-t-elle. Cela coïncide avec la découverte médicale qui permettait de retrouver des traces de poison dans les mèches de cheveux, qui a été faite deux ans avant sa mort. »