Le Rhône promet d'être insolite !

Bruiteur, ou le petit plus hors cameras

Lorsque l’on parle cinéma, on parle acteurs, réalisateurs, comédiens de doublage, mais il y a une profession qui tire son épingle du jeu, c’est celle de bruiteur. Cet art à part entière intervient à la fin de la production d’un film. Jean-Baptiste Cornier, bruiteur, revient sur les coulisses de son métier.

Le bruiteur, c’est celui qui avec une salade et une bouillotte, vous fera vivre une fusillade à base de pistolets et de mitrailleuses. Après ça vous ne verrez plus jamais la célèbre fusillade du film Heat de la même façon. Ce qui devient intéressant avec le bruitage, c’est que chaque objet devient un instrument. Le moindre son se transforme en note de musique primordiale pour la reproduction d’un sonore.

« Rentrer dans l’intention du personnage »

Pour Jean-Baptiste, « c’est un métier qui demande beaucoup d’imagination » et de créativité. Il faut « rentrer en contact avec l’objet », connaître toutes ses spécificités. Parmi les objets les plus insolites que le doubleur a utilisés, il y a la maïzena, « beaucoup utilisée pour imiter la neige ». Il y a aussi de la fécule de maïs, une bouillotte et un ballon « pour faire des bruits de pneus »

En effet, face à l’écran, ce que vous entendez ne vient quasiment que du studio, l’objectif étant de créer des sons sur la base des demandes de réalisateurs. Celui qui décide, c’est le réalisateur, mais celui qui invente et qui met en son ses indications, c’est le bruiteur. L’objectif est de véritablement intensifier une scène. C’est l’aspect comique ou dramatique qui est mis en avant par le bruitage : « C’est rentrer dans l’intention des personnages », affirme le doubleur.

Une photo de Jean-Baptiste Cornier.
« C’est un métier qui demande beaucoup d’imagination » / © Jean-Baptiste Cornier

Un travail sur commande

Contrairement aux métiers plus classiques, il n’y a du travail que s’il y a commande d’un studio, d’une production ou d’un réalisateur. Pourtant, le fonctionnement reste le même. Le bruiteur part en studio et travaille main dans la main avec un ingénieur du son. Il va devoir travailler sur la bande-son originale pendant quelques jours, voire une semaine. Tout va dépendre du genre sur lequel il travaille. 

Les bruiteurs ne travaillent pas seuls en studio. Ils sont constamment accompagnés des mixeurs son et des différents ingénieurs nécessaires pour la post-production. Chaque journée fonctionne par couche. « Il y a d’abord tout ce qui va être bruits de vêtements, ensuite les pas et puis tout ce qui est accessoires », tout cela séquence par séquence, précise Jean-Baptiste Cornier. Il revient sur son quotidien ci-dessous.

Plus d’exigences en animation

Selon le budget de la production, ils font « douze minutes de film par jour », même si « tout dépend de ce que l’on garde de la version internationale ». Jean-Baptiste Cornier est bruiteur et il est constamment « à la recherche de nouvelles expériences »

Il a par exemple travaillé sur la série télévisée Kaamelott. Cependant il ne procède pas de la même façon que sur un dessin animé, où les réalisateurs sont plus exigeants et ont plus de demandes particulières. De plus, si ces professionnels peuvent travailler à partir du son direct du tournage au cinéma, ce n’est pas le cas en animation où ils partent d’une page blanche. Cela change considérablement la méthode de conception de la bande sonore.

Par Julia Nogier et Tristan J. Malot