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La musicotherapie pour soulager les troubles autistiques des enfants

Annabelle Roch est directrice de l’école Atys, une école dédiée aux enfants autistes située dans le 4e arrondissement de Lyon. Ancienne musicothérapeute, cette éducatrice utilise, entre autres, la musicothérapie pour réduire les troubles communicationnels des enfants qu’elle accueille dans son établissement.  

La musicothérapie représente-t-elle un traitement efficace ? Comme n’importe quelle thérapie, la musicothérapie ne fonctionne que si elle est combinée avec d’autres moyens thérapeutiques. 

« Plusieurs études ont révélé que la musicothérapie pouvait réduire la sensation de douleur, commence Annabelle Roch. Elle a différentes vertus en fonction des publics. Par exemple, sur les soins palliatifs, elle touche aux nerfs sensoriels dans le cerveau, ce qui peut apaiser la sensation de douleur. »

La seule école en France

Les journées s’adaptent donc aux besoins des enfants. Retrouvez ci-dessous le déroulement d’une matinée type, expliquée par Annabelle Roch.

Annabelle Roch a suivi son master de musicothérapie en Argentine. À son retour en France, une association spécialisée dans l’Aba (Analyse appliquée du comportement, de l’anglais Applied behavior analysis, ndlr) lui a proposé une formation en échange de séances de musicothérapie.

Après un an de formation, Annabelle a commencé à exercer en libéral auprès de patient souffrant d’autisme : « J’associais la musicothérapie avec l’Aba. L’Aba est une approche cognitivo-comportementale qui vise à renforcer tous les comportements qu’on a envie de voir se répéter », détaille-t-elle. 

Un accompagnement pluridisciplinaire

Après 4 ans de libéral, Annabelle Roch s’est rendu compte qu’il y avait un réel besoin de rassembler l’accueil des enfants souffrant de troubles autistiques« Les familles avaient besoin que tous les professionnels soient regroupés, pour optimiser la prise en charge des enfants. Je crois en l’accompagnement pluridisciplinaire. C’est dans ce but que j’ai fondé Atys », déclare-t-elle.

Actuellement, l’équipe encadrante est composée de deux psychologues à temps partiel, trois éducatrices spécialisées à temps plein, une psychomotricienne et une orthophoniste qui sont présentes deux demi-journées par semaine. Enfin, une ergothérapeute et une musicothérapeute interviennent une fois par semaine. 

Un enfant atteint de troubles du spectre autistique est entouré de 2 membres de l'équipe d'Atys pour atteindre ses objectifs du jour.
Toute l’année, des stagiaires et bénévoles complètent l’équipe encadrante. « C’est grâce à eux qu’on peut atteindre un taux d’encadrement d’un adulte pour un enfant. Sinon on serait un adulte pour 3 enfants », affirme Annabelle Roch / © Julie Taisse

Développer le langage et la gestuelle

Chaque séance de musicothérapie est propre au thérapeute qui la met en place. « Pour ma part, quand je faisais des séances, je commençais toujours par un temps d’accueil, d’écoute, décrit Annabelle Roch. Ensuite on passait au temps d’écoute musicale, puis on enchaînait sur un temps participatif où on jouait de différents instruments. Les séances se terminaient par un temps de relaxation, avec des massages sonores à l’aide de bols Tibétains ou d’instruments avec des vibrations. »

C’est un peu sur le même principe que fonctionnent les séances des musicothérapies avec les enfants de l’école. Néanmoins, la musicothérapeute veille à ce que ses séances soient en adéquation avec la grille de cotation et les objectifs de chaque enfant.

« Par exemple, si on travaille la pince d’eau d’un enfant par exemple, pour qu’il parvienne à attraper son stylo, la musicothérapeute va travailler sur des petits instruments de type kalimba pour essayer de développer la motricité fine de l’enfant », précise la directrice.

Pour Rana, stagiaire M2 en psychologie qui a déjà effectué plusieurs stages ici, les effets de la musicothérapie sont bénéfiques aux enfants souffrant de TSA. « Cela permet à l’enfant de se recentrer sur lui. Il prend conscience de son corps et la musique apaise énormément sa sensorialité perturbée. C’est scientifiquement prouvé. Grâce à la musicothérapie, l’enfant peut développer son langage. »

Décrire l’environnement grâce à l’image

Pour interagir avec les enfants non verbaux, l’équipe encadrante utilise des modes de communication alternatifs. Le plus connu, c’est le PECS (de l’anglais Picture exchange communication system, ndlr).

« C’est un système de communication par image, détaille Annabelle Roch. L’objectif principal c’est que l’enfant puisse interpeller un adulte pour lui donner une image afin de verbaliser sa demande, d’obtenir quelque chose. Au début ça va être beaucoup des demandes pour aller boire, manger ou jouer. Et petit à petit, les enfants vont arriver à s’exprimer pleinement, et décrire leur environnement grâce aux images. »

L’équipe encadrante et les enfants se réunissent pour chanter une comptine avant de passer en temps de travail individuel / © Carla Casadei

Il y a aussi tout ce qui est communication améliorée et alternative (CAA) et tableau de langage assisté (TLA). Ces méthodes fonctionnent de manière similaire au PECS, si ce n’est qu’elles sont sous forme de tableaux spécifiques pour chaque tâche.

Favoriser la communication

Le TLA et la CAA impliquent que l’adulte encadrant communique lui aussi en montrant les images. « Ces méthodes sont utilisées pour chanter des comptines, faire des ateliers cuisines…, illustre la directrice de l’école. La CAA c’est sur tablette, c’est informatisé et ça englobe toutes les activités dont la personne va avoir besoin. » 

Bien qu’il existe d’autres moyens de communication, l’équipe pédagogique d’Atys espère mettre en place le CAA. « A priori, le CAA est l’outil le plus complet. Il est compréhensible par tout le monde et il est général. Néanmoins, c’est le plus compliqué à mettre en place : il y a tellement d’informations que parfois les enfants se perdent. Toutefois, c’est ce vers quoi nous voulons tendre. On pourrait décider d’enseigner la langue de signes, mais le problème c’est que ce n’est pas compréhensible par tout le monde. Si l’apprentissage de langue des signes n’est pas généralisé, alors on va vers des soucis encore plus problématiques de socialisation », conclut Annabelle Roch. 

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