Déjà titulaire émérite de cinq titres de champion d’Europe et du monde, le plongeur professionnel Matthieu Rosset s’est prêté, avec beaucoup d’autodérision, au championnat de France de plats. Publié il y a un an sur la chaîne YouTube de Pierre Croce, le concours a suscité l’attention de plus de 2 millions de personnes.
Des plongeoirs de la piscine du Rhône à sa victoire du championnat de France de plats, en passant par les JO de Tokyo, Matthieu Rosset est un Lyonnais qui a à cœur la reconnaissance de sa discipline : le plongeon.
En janvier 2022, le champion du monde décroche un titre plutôt spécial : celui de champion de France de… plats ! L’idée vient de son ami, le youtubeur Pierre Croce, connu pour ses contenus ironiques et parodiques. Ils avaient déjà réalisé une vidéo ensemble en 2015. Un reportage exclusif sur un plongeur professionnel de plats. La vidéo parodique compte à ce jour 2,4 millions de vues.


« Il s’avère que dans les pays nordiques comme la Suède et la Norvège, il existe la discipline du Dodsing, explique Matthieu. Ce sont des compétitions de plats. Et Pierre a voulu faire la même chose. »
C’est ainsi que le plongeur s’est retrouvé entouré de 12 autres participants, à Villejuif, pour réaliser un concours de plats sur une après-midi. « À la base il devait y avoir 3 plats par candidat mais on s’est rendu compte que c’était un peu trop long et un peu trop dangereux », se souvient-il.
« L’autodérision permet de parler au plus grand nombre »
Matthieu accentue la dimension de second degré avec laquelle il faut prendre la vidéo. « Je trouve que c’est l’une des plus belles façons de parler de mon sport, qui est méconnu. La vidéo a fait un buzz, et bien qu’elle montre l’inverse de ce qui est recherché dans la pratique du plongeon, elle a apporté de la visibilité sur ma discipline », se réjouit Matthieu Rosset.
La Fédération française de plongeon a mal pris sa participation au concours, lui reprochant de ternir son image. « Je trouve que l’autodérision permet de parler au plus grand nombre d’un sujet auquel il ne se serait pas forcément intéressé. C’est pour cela que je suis vraiment content d’avoir participé. En plus, c’était marrant de plonger d’une manière différente », conclut le plongeur.


Un concours dangereux mais encadré
Contrairement à ce que l’on peut s’imaginer, les participants n’étaient pas tous des plongeurs professionnels, certains n’avaient même jamais plongé.
« Tous connaissaient les risques encourus avant de s’engager sur le tournage. Les maîtres-nageurs et les secours étaient présents. Le tournage était encadré, souligne Matthieu. Le risque 0 n’existe pas dans ce genre de compétition. On craignait que l’un d’entre nous se blesse, ce qui aurait annulé la sortie de la vidéo. Faire des plats c’est assez aléatoire, ce n’est pas parce que je sais plonger que je ne risquais pas de me faire mal sur le tournage. Potentiellement j’étais plus à l’aise et j’avais moins peur parce que j’ai plus de repères dans l’espace. »
« Quand je suis monté à 5 mètres, je ne savais même pas ce que j’allais faire »
Matthieu Rosset
Les candidats n’ont pas eu de préparation en amont du championnat. « Ce qui était intéressant et recherché c’était la spontanéité. Quand je suis monté à 5 mètres, je ne savais même pas ce que j’allais faire », se rappelle Matthieu. La vidéo du championnat de France de plats cumule désormais 3,2 millions de vues.
Cinq titres en cinq ans
Matthieu Rosset a commencé à plonger à l’âge de 7 ans. Dès ses 15 ans, il part à Paris pour une formation sport-étude durant laquelle il s’entraîne à l’INSEP (Institut national du sport, de l’expertise et de la performance).
Il décroche cinq titres de champion d’Europe entre 2012 et 2017 (trois en individuel et deux en équipe). En 2017, le Lyonnais est sacré champion du monde de plongeon par équipe, avec Laura Marino. C’est la première médaille d’or mondiale de l’histoire du plongeon français.
En 2021, le plongeur est disqualifié des JO de Tokyo en quart de finale. Spécialisé en tremplin à trois mètres, il réussit toutefois l’exploit de passer d’un tremplin de trois mètres à un de dix mètres de haut.