Michèle Reverbel est écrivaine publique et éveilleuse d’écriture. Pendant 40 ans, elle a sillonné les marchés et les rues dans plus de 450 villages français pour offrir ses talents d’écrivaine. L’objectif étant de mettre des mots sur les maux.
Vous manquez d’inspiration ou de vocabulaire ? Michèle Reverbel en a fait sa profession. Le métier d’écrivaine publique est, en effet, celui de la personne qui va mettre des mots sur les sentiments des gens. Lettres d’amour, lettres de rupture et autres, l’écrivaine publique prend ainsi la charge d’écrire, sur demande, ce que les gens veulent transmettre comme message.
Dans le métier depuis plus de 40 ans, Michèle Reverbel a en réalité créé elle-même la profession d’écrivaine publique. Elle voulait aider les gens. Le métier, à son grand désarroi, ne s’est pas vraiment démocratisé : « Je regrette l’époque où l’on s’écrivait pour communiquer. Avec les téléphones, les gens ont perdu peu à peu leur vocabulaire malheureusement. »
Amour, ruptures, meurtres et suicides
Une écrivaine publique est chargée de gratter le papier sur les sentiments des gens. Le processus est donc simple : contacter Michèle Reverbel et lui faire part d’un état d’âme. Il faut ainsi être le plus précis possible sur la situation vécue pour que l’écrivaine puisse écrire. Ainsi, Michèle rédige les mots d’amour ou les raisons de rupture de la personne qu’elle a en face d’elle.
Les demandes sont variées : « Ce sont vraiment des gens de tout âge qui font appel à moi. Des jeunes, des nouveaux mariés, des divorcés ou des personnes âgées, il n’y a pas de règles. » Si la majeure partie des demandes concernent des lettres d’amour, il faut aussi souligner certaines lettres plutôt particulières. Des lettres au sujet de suicides ou de meurtres lui ont déjà été demandées.
Les illettrés, cible principale de l’écrivaine publique
À l’époque où Michèle a créé sa profession, elle l’a fait dans l’optique de venir en aide aux illettrés. Elle a évolué dans un milieu où certaines personnes avaient du mal à correctement orthographier. L’écrivaine a voulu se servir de ses aptitudes d’écriture pour les aider. Michèle Reverbel faisait donc de nombreuses interventions dans des endroits comme des hôpitaux psychiatriques.
L’idée était donc de donner l’opportunité aux gens exclus de la société de s’exprimer par le biais du talent de Michèle. Elle a également collaboré avec un comité chargé de la réinsertion des illettrés. « J’ai toujours voulu partager ma passion pour l’écriture et faire en sorte que tout le monde ait la chance de pouvoir exprimer ses sentiments », dit-elle.
Au-delà de l’écriture, ce métier permet ainsi de développer le contact humain par le biais des échanges entre le client et l’écrivaine. Les moments de confession sur les situations amoureuses sont donc précieux pour Michèle. Elle se sent utile. Certains de ses anciens clients continuent d’ailleurs d’entretenir un lien avec elle, en lui envoyant des lettres.
Un article de Lisa Delaigue et Lucas Richet